Rancinan poursuit sa fresque au Musée Mer Marine

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Gérard Rancinan, Norbert Fradin - "le radeau des illusions"

Depuis plusieurs années, Gérard Rancinan interroge notre époque à travers une œuvre photographique monumentale, théâtrale et hautement symbolique. Après Le Radeau des Illusions, inspiré du célèbre tableau de Géricault, l’artiste poursuit son récit au Musée Mer Marine avec Le Déluge, une fresque saisissante où l’homme moderne se confronte une fois de plus à ses propres naufrages.

Dans Le Radeau des Illusions, Rancinan dépeignait une humanité déboussolée, échouée sur un radeau de fortune, entre hédonisme, divertissement et effondrement collectif. Cette relecture contemporaine du Radeau de la Méduse mêlait humour grinçant, décadence assumée et cri de détresse silencieux. Avec Le Déluge, il ne s’agit plus d’un simple naufrage, mais d’un engloutissement global : celui de nos repères, de nos sociétés consuméristes, de nos récits fondateurs.


Dans cette nouvelle œuvre, exposée pour la première fois dans le cadre du parcours artistique du musée, le spectateur est plongé dans une mise en scène apocalyptique : figures figées dans la panique ou l’indifférence, artefacts de notre modernité flottant parmi les eaux, et toujours cette tension entre l’esthétisme visuel et la critique sociale. Rancinan déploie à nouveau toute la force de sa photographie narrative, composée comme une peinture d’histoire.

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Le Déluge n’est pas une fin. Il prolonge les illusions du radeau, il en est peut-être le prix. En accueillant cette œuvre, le Musée Mer Marine affirme son attachement à une lecture contemporaine des grands récits maritimes et humains. Et Rancinan, en témoin du monde, y scelle un peu plus l’ambition de son œuvre : dresser le portrait d’une humanité à la dérive, avec lucidité, tendresse et une ironie salvatrice.

Contexte et interprétation

  • Le Radeau des Illusions, déjà visible au MMM, revisite Le Radeau de la Méduse de Géricault en interrogeant le rêve occidental, l’immigration et l’ère du divertissement, par le prisme d’une photographie théâtrale et critique. L’œuvre questionne l’illusion du succès avec ses symboles modernes (lettres « Hollywood », Tour Eiffel…) et ses accessoires exposés comme des reliques post-catastrophe : un regard sans jugement mais chargé de constat social et politique 

  • Le Déluge est une collaboration avec l’écrivaine Caroline Gaudriault, présenté à Bordeaux à partir de mars 2025. L’immense photographie, accompagnée d’un livre-installation, évoque les enjeux climatiques, les mythes ancestraux du Déluge et la résilience humaine. Le décor et les personnages ont été entièrement construits en studio, rassemblant une équipe de 40 personnes et plus de trente modèles internationaux. Le message est visuel, poétique et alarmiste mais aussi porteur d’espoir d’un renouveau ‪


Informations pratiques

  • Le Déluge est visible au Musée Mer Marine de Bordeaux jusqu’au 31 août 2025, dans le parcours classique de visite : l’exposition aligne art visuel, mythologie et réflexion écologique contemporaine/

  • Le Radeau des Illusions demeure une œuvre emblématique et accessible dès l’accueil du musée, en dialogue direct avec la thématique maritime et humaine du lieu : migration, rêves, dérives, symboles de consommation et de pouvoir ? un questionnement photographique fort, dans la lignée de Géricault revisitée (source  Mer & Océan)